Le Frac Champagne-Ardenne accueille à l’occasion de l’exposition Plein Jeu #2, Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu et Victor Vaysse, quatre artistes, tous nés entre 1988 et 1990. Une nouvelle occasion pour ces membres de l’artist-run space Le Marquis d’exposer leurs réalisations ensemble quelques mois après l’invitation de Neïl Beloufa au Vingtième Prix Ricard à la Fondation d’entreprise Ricard où ils avaient présenté Has been, hélas.
The Frac Champagne-Ardenne hosts, as part of the exhibition "Plein Jeu #2," Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, and Victor Vaysse—four artists all born between 1988 and 1990. This provides another opportunity for these members of the artist-run space Le Marquis to showcase their creations together, a few months after Neïl Beloufa's invitation to the Twentieth Ricard Prize at the Ricard Foundation, where they presented "Has been, alas.
23 janvier - 21 avril 2020
FRAC Champagne-Ardennes 1 Place Museux, 51100 Reims
Raphaël Rossi s’intéresse au mobilier présent dans l’espace public, qui, bien qu’arborant des formes assez simples, témoigne de qualités sculpturales. L’artiste fabrique des bancs à partir de tubes d’acier en accentuant les formes agressives dont les pouvoirs publics ont doté les bancs publics pour dissuader les SDF de s’y installer. Il pose ainsi le double discours de concevoir un mobilier destiné à la convivialité tout en proclamant un interdit à travers des « formes inhospitalières ». Les bancs invitent à l’oisiveté, au monologue intérieur ou au dialogue. Des pièces qu’il met en parallèle avec des films qui ont été fondateurs du regard qu’il porte sur le monde.
Les affiches de L’âge des possibles de Pascale Ferrand et de Comment je me suis disputé d’Arnaud Desplechin, qu’il pose sur ces bancs ont en commun de parler de la génération des 25-35 ans, de ce moment de bascule entre la sortie de l’enseignement supérieur et l’entrée dans le monde professionnel. Des jeunes qui, nés dans les années 90, n’ont ni vécu la Beat Generation ni l’espoir du futur des années 2000, et ont été pris dans une réalité où s’anéantissait la perspective d’un monde meilleur.
Raphaël Rossi s’interroge sur une jeunesse fin de siècle : que signifie quand on est jeune d’arriver à la fin d’un siècle ? Le cinéma est pour l’artiste un support privilégié de l’échange, l’initiateur du débat, une forme de dialogue car il « n’appartient à personne ». Voie ouverte à la discussion, il permet d’y projeter ses expériences personnelles et ses références, de manière plus collective et instantanée que la littérature.
Texte : Valérie Toubas et Daniel Guionnet
Raphaël Rossi is interested in public space furniture, which, despite its seemingly simple forms, exhibits sculptural qualities. The artist creates benches from steel tubes panels, accentuating the aggressive shapes that public authorities have given to public benches to discourage homeless individuals from sitting on them. He thus highlights the dual discourse of designing furniture for conviviality while proclaiming a prohibition through "unwelcoming forms." The benches invite idleness, internal monologue, or dialogue. These pieces are juxtaposed with films that have shaped his perspective on the world.
The posters of "L’âge des possibles" by Pascale Ferrand and "Comment je me suis disputé" by Arnaud Desplechin, which he places on these benches, share a common theme of addressing the generation of 25-35-year-olds, the pivotal moment between leaving higher education and entering the professional world. These young people, born in the 90s, did not experience the Beat Generation nor the hope of the future in the 2000s. Instead, they found themselves in a reality where the prospect of a better world was dissipating.
Raphaël Rossi reflects on a turn-of-the-century youth: what does it mean to be young and reach the end of a century? For the artist, cinema is a privileged medium for exchange, a catalyst for debate, a form of dialogue because it "belongs to no one." It serves as an open path for discussion, allowing the projection of personal experiences and references in a more collective and instantaneous manner than literature.
Text by : Valérie Toubas et Daniel Guionnet